Du 23 octobre au 19 novembre 2014
La fin du voyage brésilien nous amène dans de nombreuses villes coloniales. Sorties du tumulte Carioca, la petite bourgade de Tiradentes aurait pu nous apporter un peu de quiétude mais… Mais c’était sans compter sur les prix exorbitants des pousadas qui nous conduisent à prendre la moins chère. Bilan au retour du dîner, nous croisons le gardien de nuit, les yeux bien rouges, l’haleine chargée de bière. Mais surtout, dans notre chambre, nous découvrons que nos sacs ont été fouillés ! L’énergumène est tellement bourré qu’il n’a même pas pris soin de les refermer. Visiblement, il cherchait de l’argent, n’en a pas trouvé et n’a pas pris autre chose, ouf ! Alors les petites rues pavées, les maisons colorées et les calèches pour enfants ne nous retiennent pas plus, bye bye Tiradentes !
Stop à Belo Horizonte, sans grand intérêt sauf pour Inhotim. De quoi s’agit-il ? D’un énorme parc où des structures surgissent et où des architectes se sont éclatés et d’un musée d’art moderne. Bref, un endroit vraiment chouette et original où nous avons déambulé toute la journée. Une expo photos/vidéos sur le quartier historique de Salvador, le Pelourinho, dans les années 70-80, attire notre attention et nous refroidit quelque peu. Des images vraiment glauques, des portraits d’habitants, de prostituées au milieu du chaos. Super, Salvador est notre prochaine étape, on a déjà tout entendu sur cette ville, le pire comme le meilleur et on reprend une dose de pire !
Alors histoire de se préparer, on passe quelques jours de vacances à Arraial d’Ajuda dans le sud de l’état de Bahia. Station balnéaire avec de jolies plages pleines de transats (on trouve quand même du sable pour poser nos serviettes !) et un petit centre ville bien animé le soir. Chez une petite mamie, nous découvrons les crêpes de tapioca, garnies de chocolat… juste sublime ! Le lieu devient notre QG dessert le soir (frustrant de ne manger qu’une crêpe, dix nous auraient comblées).
Allez direction Salvador. Arrivées à 7h du matin, la ville se réveille doucement. Le taxi nous abandonne à l’entré du Pelourinho, notre hôtel est juste au-dessus selon lui, sauf que… Sauf que notre carte est vraiment pourrie, que les gens nous indiquent n’importe quoi, que nous nous perdons alors nous tournons avec nos gros sacs. Beaucoup de gens dorment sur le trottoir, des corps très abîmés sont déjà visibles, bref on a l’impression de se retrouver au milieu de l’expo d’Inhotim ! Dans ces circonstances, la police militaire, présente à chaque carrefour, rassure un peu.
Première surprise agréable, notre fenêtre de chambre donne sur l’école Olodum et déjà le son des percussions se fait entendre. Julie a le sourire jusqu’aux oreilles ! Et les percussions résonnent dans tout le Pelourinho, de la samba par ci, un concert par là, les sons viennent de partout, les rythmes deviennent réellement envoûtants.
Histoire d’être dans le tempo, nous commençons des cours de batucada avec O Professor Macambira. Oui, même moi, je m’y mets, histoire que Julie se moque gentiment mais surtout pour qu’elle ne soit pas seule. Bref je sais déjà que je vais frôler le ridicule mais j’ai le sens du sacrifice ! Cinq séances suffisent à nous faire inviter pour le prochain carnaval !
Le soir des petits vendeurs ambulants nous alimentent, churrasco et caïpirinha, on trouve décidément cette ville bien sympa. Mais plus la soirée avance, plus les ombres affluent, ces hommes à la recherche de cannettes ou ces femmes proposant des massages, nous sommes sollicitées sans cesse et le malaise grandit. Leurs corps sont tellement abîmés, il est évident que la plupart sont toxicos alors il vaut mieux quitter les lieux. Déjà quatre jours à Salvador et nous ne sommes pas sorties du Pelourinho, pas le temps…
Nous partons pour la Chapada Diamantina. Quatre jours de trek en pleine nature. Quatre jours à monter et descendre des collines, les cascades se succèdent. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas croisé ces satanées marches ! Chose originale, nous marchons plus vite que notre guide, Cristiano. Vingt cinq années de randonnée dans la Vale Do Pati ont eu raison de ses genoux, il est plus usé que moi, c’est dire !
Retour à Salvador pour profiter de nos derniers jours brésiliens et visiter la ville. Malheureusement, la pluie tombe en continue alors on se contentera de cours de percussions et de quelques cachaças en compagnie de nos gardes du corps David et Mikaël, pas mal non plus !
Pendant tout notre voyage au Brésil, la pauvreté a toujours été visible, elle touche essentiellement la population afro mais elle se limitait jusqu’à alors à certains quartiers. Plus nous remontons dans le nord du pays, plus elle saute aux yeux et « dérange ». Cette misère nous atteint davantage au Brésil qu’en Inde, pourtant nous y étions également préparées. Ici, les corps ne sont pas seulement sales et amaigris, la déchéance due au crack saute aux yeux, une multitude de « zombis » aux regards vides déambulent dans les rues de Salvador. Pourtant le Salvador de la musique, de la fête reste tellement accueillant, difficile de jongler avec autant de contrastes !
Bref…