Du 7 avril au 15 juin 2014

Pascale, une des tourdumondistes d’Ouvrir les yeux sur le monde, revient sur son trip à moto entre Laos et Vietnam, pendant deux mois.

Retrouvez son interview en version audio ou par écrit ci-dessous, c’est à vous de choisir !

1/ Comment t’es venue l’idée de voyager à moto ?
Moi, ça ne m’est pas venu ! J’ai subi, une fois de plus, les lubies de Julie. Blague à part, en préparant le tour du monde, on y avait pensé. On s’était dit que parcourir le Vietnam du Nord à moto pourrait être une super expérience.

2/ Vous avez donc fait l’acquisition d’une Minsk. Pourquoi cette moto ?
Déjà, pourquoi a-t-on décidé d’acheter une moto ? Vu le prix des locations de moto (pas des scooters), c’était bien plus rentable d’acheter que de louer.
Pourquoi une Minsk ? C’est le hasard. On a commencé à se renseigner au Laos mais on nous a dit que les motos laotiennes ne pouvaient pas sortir du pays. Du coup, on pensait en acheter une au Vietnam. Mais par hasard, à Vang Vieng au Laos, on a croisé la route de Minsk (immatriculée au Vietnam) et ses propriétaires américains. En faisant rapidement quelques recherches, la Honda Win, l’autre moto prisée par les backpackers, nous paraissait trop légère pour trimballer deux personnes avec des gros sacs.

3/ Revenons un peu sur votre parcours. Vous avez traversé le Nord du Laos, puis le Vietnam du Nord au Sud. Pourquoi ce choix ?
L’idée de départ était vraiment de parcourir le nord du Vietnam à moto. La route s’est donc imposée à nous puisque nous étions déjà au Laos.

4/ Et les routes alors ? Vous avez pu circuler facilement ?
L’aventure a déjà commencé au Laos. Et au Laos, pour aller d’un point à un autre, il n’y a qu’une route. Ils n’ont souvent pas les moyens de les réparer et elles sont empruntées par tout type de véhicules. Donc on en a eu certaines complètement défoncées : 6h pour faire 80km entre … et Oudomxai !
Quant au Vietnam, le réseau est beaucoup plus développé et là, la plupart des routes sont très bonnes. Sauf quand on se trompe ou qu’on fait un mauvais choix et là, ça peut devenir l’enfer. Ca peut être de la boue, des cailloux, plus de route, aaaaah… un bout de goudron, re de la boue, tout ça en montant, en descendant des côtes de 10% !

5/ Et sur ces routes, comment a géré votre chauffeur justement ?
D’abord, il faut bien avouer que Julie m’avait déjà bien rassuré sur sa conduite au milieu de la circulation parisienne, alors je pouvais relever le challenge. Mais là, elle a vraiment assuré ! Même si j’avais parfois des spasmes en montagne, en ville, particulièrement à Hanoï et Ho Chi Minh, j’étais à la limite des convulsions ! Les vietnamiens conduisent très vite et surtout c’est l’anarchie totale, aucun code de la route n’est respecté. Feux grillés, ça roule en contre-sens, ça traverse les voies n’importe comment, bref nous n’avons pas eu d’accident et je ne sais toujours pas comment elle a fait ! Par contre, je sais qu’elle a du adopter leur code sinon nous serions toujours bloquées au milieu d’un carrefour. Du coup, j’ai souvent eu peur (pas elle) mais elle a sacrément bien géré !

6/ Parlons mécanique. Des problèmes vous ont-ils gâché le voyage ?
Gâché non. Des problèmes mécaniques, on en a eu un certain nombre mais on a toujours eu du bol car on n’était jamais très éloigné d’un petit garagiste (y’en a dans tous les villages !). Du coup, on a toujours pu faire réparer notre moto hyper facilement. Et vu ce qu’on lui a fait subir, elle ne nous a pas lâché souvent. Elle a été grandiose ! On nous avait pourtant dit que les Minsk avaient toujours des problèmes mais il n’en a rien été. Je recommande, elle a été vraiment costaud !

7/ Des bobos physiques ?
Alors, comment dire… ? Plus de 4000km en mode sac à patates ballottée sur la selle, posée entre le dos de Julie et trois énormes sacs, avec seulement deux cale-pieds pour me caler et ben, ça a été l’enfer à certains moments. Quand on monte, le corps glisse dans les gros sacs mais quand on descend une route pleine de cailloux, à chaque coup de frein, c’est-à-dire toutes les deux minutes, les fesses glissent sur la selle et la poitrine s’encastre dans le dos de Julie. Bien évidemment, le pubis de Julie s’encastre lui aussi dans le réservoir. Sympa le voyage ! Donc tous les soirs, on pouvait constater les brûlures sur les fesses et les cuisses ! Et le lendemain matin, supplice, il faut remonter sur la selle…

8/ Quelles régions gardes-tu plus particulièrement en mémoire ?
Les paysages le long de la frontière chinoise (Sapa, Bac Ha, Coc Pai, Ha Giang, Yen Minh, Meo Vac…) étaient délirants, grandioses ! On était seules au monde sur nos routes à profiter de ça, un pur bonheur !

9/ Est-ce qu’on peut dire que tu as rencontré les « vrais » vietnamiens ?
Carrément ! On était en immersion totale. Hormis le trek chez les Gurung au Népal, c’est la première fois depuis le début du voyage qu’on ne prend pas les circuits classiques des bus et trains touristiques dont on est dépendantes d’habitude. Donc là, on s’est arrêté quand on avait faim, quand on avait soif, quand il fallait dormir ou quand on était en panne.
Du coup, on a rencontré plein de gens qui ne parlaient pas un mot d’anglais, qui étaient surpris et curieux de voir débarquer deux nanas à moto. Ça a donné des situations un peu surréalistes dans certains villages. On s’est retrouvé avec beaucoup de monde autour de nous. Les gens nous parlaient vietnamien comme si on comprenait ce qu’ils racontaient. C’était donc assez drôle !
Dans les montagnes du Nord, on a aussi toujours eu des gens bienveillants. On n’a jamais eu la sensation de se faire avoir comme ailleurs parfois.

10/ Tu as également du faire d’autres rencontres… Animalières peut-être ?
Effectivement. Les chiens n’étaient déjà pas mes amis mais là, ce sont tous devenus des prédateurs en puissance ! Le bruit de notre moto ne devait pas leur plaire et on s’est fait courser plusieurs fois, sur une période très courte. Du coup après, si une poule surgissait derrière un jardin, je faisais des bons et Julie devait sentir la moto bouger et mes mains se crisper sur sa taille ! Ça n’a malheureusement rien arrangé à ma peur des bestiaux !

11/ Est-ce que tu recommanderais ce type de voyage à quelqu’un ? Que lui dirais-tu ?
Sans hésiter. Maintenant, j’ai même du mal à envisager le voyage autrement parce qu’on est vraiment sorti des sentiers battus. Mais en même temps, c’est très long et fatigant ; fatigant physiquement et d’un point de vue logistique car il faut sans arrêt emballer et déballer ses affaires, bref fatigant. Mais on n’a presque jamais croisé un touriste et on a vraiment eu la sensation d’être libre.

12/ Et maintenant, qu’allez-vous faire de Minsk ?
(Mal)heureusement, nous n’avons pas réussi à la vendre. Donc nous l’avons laissée en gardiennage à Tho… pour de nouvelles aventures peut-être !

Propos recueillis par Julie, l’autre tourdumondiste d’Ouvrir les yeux sur le monde.

Bref…

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