Du 17 au 22 septembre 2014
Je m’appelle Margarita, Maguy pour les intimes (et ils seront nombreux… de plus en plus nombreux). J’ai été adoptée à Tupiza, petite ville tranquille où de nombreux gringos viennent commencer leur tour pour le sud Lipez et le Salar d’Uyuni.
Je suis tranquillement posée devant la porte de ma boutique, mon pelage rose exposé au soleil. Cinq gringos de passage semblent subjugués par ma beauté (assez fatale, j’en conviens). Ils se concertent à peu près quatre secondes et m’adoptent dans le champ ! Me voilà embarquée dans un 4×4 avec Ysoline et Mathilde qui voyagent au Pérou et en Bolivie, Lionel le copain d’Yso, Pascale et Julie d’ouvrirlesyeuxsurlemonde.
Coincée sur le siège arrière au milieu de leurs sacs, de leurs polaires, de leurs bonnets (mais ils m’emmènent au pole nord ceux-ci ?), je m’aperçois vite que je suis arrivée dans une colonie de vacances. C’est n’importe quoi dans cette voiture, ça chante, ça rigole, ça se chambre… enfin l’ambiance est vraiment sympa (sauf quand ils se mettent tous à chanter Hélène !).
Par la fenêtre, je découvre des paysages somptueux, vraiment cabossés, des canyons, de la terre, j’en profite car le calme ne dure pas. A tous les stops (et ils sont nombreux car Yso a sans cesse besoin de courir s’agenouiller derrière la voiture !), les sauvages me maltraitent sans cesse. Posée à même la terre, traînée sur les cailloux ou même projetée en l’air, ils me prennent pour Angelina Jolie à Cannes et me mitraillent avec leurs appareils photos ! Ça tourne à l’humiliation, je me retrouve dans toutes les positions. En plus, je découvre avec stupeur que deux autres 4×4 nous accompagnent. Encore des français, Vincent, Sylvie et Jean-François, Benoît et Lucile, une espagnole Maica et Greg l’australien (je les plains ces 2 étrangers au milieu des Gaulois !). Et tous semblent aussi fascinés par ma roseur ! Ils me touchent, me tripotent, me malaxent… et je sens que je maigris…
Après une nuit abandonnée dans la voiture, au froid, le pire reste à venir. Aujourd’hui, nous faisons le tour des lagunes : Laguna Verde ou Colorada, magnifiques certes mais ces couleurs ne présagent rien de bon quant à leur contenance. J’entends souffre, cobalt ou encore borax et plouf je me retrouve plonger accidentellement dans ces liquides. Mon dieu… Je sèche, je deviens blanche et continue à maigrir. Même Mathilde ne me fait plus de câlin alors qu’elle me colle pas mal d’habitude !
Hier, ils m’avaient abandonné au milieu d’un troupeau de lamas ridicules ; leurs poils forment des locks mais surtout ils sont coiffés de petits nœuds roses ou blancs. J’espère que les gringos ne vont pas osés me mettre ça ! Aujourd’hui, ils me délaissent dans les lagunes, ils croient que je suis avec des membres de ma famille ou quoi… pourtant les flamands roses, perchés sur leurs longues pattes me terrifient ! En plus, depuis quelques heures, Lionel a trouvé un nouveau jeu, il me souffle dans le nombril, sensation étrange… je grossis.
Nouvelle nuit glaciale jetée dans la voiture. Fernando, le chauffeur ne prend plus soin de me poser délicatement sur la plage arrière, aucun respect ! Je gèle mais, pendant ce temps, les gringos sont tranquillement installés près du poêle bouillant, à dévorer le bon repas de Rose-Marie, aucun respect !
Au réveil, je suis à plat, tellement maigre que je risque de rater ma grande journée dans le Salar d’Uyuni. Les gringos en décident autrement, Lionel reprend son petit jeu et je retrouve la pêche. D’ailleurs, c’est assez bizarre mais je trouve que Lionel passe beaucoup de temps à souffler dans la bouche d’Yso mais elle, elle ne grossit pas !
Le jour n’est pas encore levé et la joyeuse colonie roule sur l’immense étendue blanche. La voiture s’arrête. Un gringo me pose délicatement sur le sol, la couenne réchauffée par les premiers rayons de soleil. Les flashs crépitent sérieusement, je suis une vraie star ce matin. Je passe de main en main, je crois que ma peau contraste pas mal dans le paysage. Par contre, mes pattes picotent un peu, qu’est-ce-que c’est ce truc blanc au sol ? La séance photos s’éternise, les gringos enchaînent des poses ridicules au milieu de rien, je n’ai jamais vu une telle agitation. Si j’avais l’impression d’être la star du début de séance, je suis rapidement mise de côté pour d’autres ustensiles. Et toujours ces photos « locas » ! Fin de shooting, tout le monde dans la voiture, je crois qu’ils sont fières de moi.
Dernier parcours en 4×4 et la colonie quitte définitivement les lieux.
Tout le monde s’embrasse, c’est la fin de la colonie de vacances, Mathilde me prend sous son bras. Cool elle m’emmène à Castres, je ne devrais pas être mal là-bas !
Bref…