Kratie, petite ville tranquille sur le bord du Mékong, nous offre le cadre de notre première aventure. Le CRDT (Community Rural Development Tours) vise à développer et à aider les villages isolés, il nous réserve une nuit chez des habitants de l’île de Koh Pdao. Sur place, un guide local nous recevra car les villageois ne parlent pas anglais. Comme d’habitude, nous louons des vélos et nous voilà parties pour 35 km sur l’unique route qui longe le Mékong jusqu’au ferry. Départ à l’aube (8h pour nous) pour éviter la chaleur mais à 9h, on crève déjà de chaud ! La traversée des villages est toujours aussi drôle, les enfants courent à fond dans les jardins, pour nous hurler un « hello » ou un « bye bye », sourire jusqu’aux oreilles. Même les adultes s’y amusent ! Et puis, au loin, nous avons le droit à un « bonjour », on s’approche et découvrons un petit papi à l’entrée de son jardin. On a tant que ça des têtes de françaises ?! Il nous offre une mangue et nous papotons en français. A peine 20 bornes de vélo et on aurait pu dormir chez lui ! Une vraie pipelette, impossible de s’en défaire. Nous poursuivons… soleil… chaleur. Nous arrivons au ferry. Enfin, c’est le nom qui nous a été donné, on attendait un gros bateau. Il s’agit en fait d’une barge où s’entassent les scooters. Les passeurs essayent de nous extorquer 10 dollars au lieu des 25 centimes prévus, heureusement le gars du CRDT nous avait donné le prix !

Sur l’île, nous pédalons encore 4km sur un chemin poussiéreux au milieu des buffalos et découvrons la maison. Timidement, nous rangeons nos vélos à l’entrée du jardin, super y’a un chien ! C’est une maison sur pilotis traditionnelle, en bois. Toute la famille est rassemblée en dessous sur la « table » en bambous, au frais. Salutations, présentations, personne ne parle anglais. Ils continuent à vaquer à leurs occupations, un peu gênées, nous ne savons pas trop où nous poser, les sourires sont un peu crispés.

Une jeune fille arrive, la famille nous dit de la suivre, on comprend « dolphin », il s’agit de notre guide local… qui ne parle que la langue locale ! Embarquées sur un petit bateau à moteur, nous traversons le Mékong à la recherche du dauphin de l’Irrawady. Mais c’est bon, le coup du safari où on ne voit pas un animal on connaît, alors quand la guide nous montre un « truc » au loin, on n’y croit pas du tout et on regarde à peine. Petite balade sur un banc de sable et nous revenons. Au milieu du Mékong, notre chauffeur coupe le moteur et on attend… On n’est vraiment pas dupe ! Et là miracle, les dauphins apparaissent. Deux gamines les yeux grand ouverts. Une dizaine qui sorte régulièrement leurs dos. Ils sont un peu loin pour voir véritablement leurs têtes, mais nous sommes ravies.

Retour à la maison. Assises par terre au milieu de tout le monde, on essaye d’échanger quelques mots, ouf la belle fille parle un peu anglais. Des gens passent, se posent et repartent. Une dame arrive avec des pots en fer, étale « une nappe » sur le sol et pose des plats : riz, nouilles, omelette et chips de banane « C’est pour toute la famille ou que pour nous tout ça ? ». La belle-fille nous demande quand nous voulons manger. On crève la dalle, il est 17h30 alors on n’ose pas trop répondre. Tout est servi, autant enchaîner directement. Et toujours cette question entre nous : « c’est pour nous tout ça ? » que nous ne posons à personne. Timidement, nous nous resservons alors qu’on a envie de tout dévorer. Effectivement, quand nous avons fini, la dame remballe tout et repart. La famille ne mangera que bien plus tard dans la soirée, à l’écart de nous !

Après plusieurs heures à se regarder en chien de faïence, les langues se délient et nous échangeons enfin. Un peu d’anglais, quelques tentatives de cambodgien mais surtout beaucoup de gestes. Tous assis sur les lattes en bois sauf la mère de famille, allongée de tout son long à coté de nous, cela semble être sa position normale. Un espace douillet nous a été préparé, sous la moustiquaire, la nuit a été douce. 6h du matin, tout le monde debout ! La dame de la veille revient avec ses gamelles : riz, poisson, omelettes, ce coup-ci on n’a quasi rien laissé ! Échanges de photos, échanges de sourires et nous repartons pour nos 40 km de vélo.

Le lendemain, attablées pour notre petit déjeuner, le ciel s’assombrit, gronde. L’orage éclate, des trombes d’eau s’abattent sur Kratie en quelques minutes. Heureusement, nous ne sommes plus en vélo alors nous savourons tranquillement nos sandwichs. A l’étage, des sacs à dos, des appareils photos et autres objets en tout genre flottent dans 20cm d’eau… malheureusement, ce sont nos affaires, la gouttière qui passent dans notre chambre à céder !!!

Pour l’aventure suivante, direction Ban Lung, près du parc du Ratanakiri. Depuis plusieurs jours, le stress monte, on doit aller dormir dans la jungle au milieu des mygales. Mais en cette période de sécheresse, la végétation semble triste. Nous optons pour la découverte des villages des minorités ethniques, cool, les mygales s’éloignent ! Nous bouclons 3 jours avec une agence locale, un guide est obligatoire. Les premiers seront Blank, jeune homme un peu fou fou et Tao, le « ranger » qui nous guide à travers les arbres. Une journée de marche, sacs, hamacs et bouffe sur le dos, pour une fois qu’on avait fait des sacs légers, on nous rajoute 4kg à porter ! Très étrange et un peu inquiétant, les premiers pas se font à travers des parcelles brûlées, certaines souches fument encore.

Après plusieurs heures de trek, nous atteignons notre camp pour la nuit. Nos guides courent se baigner dans la petite rivière à côté et nous engagent à les suivre. Y’a pas moyen de plonger nos corps là-dedans ! Accidentellement un orteil touche l’eau et on craint déjà d’être anéantie par un parasite, alors pour nous, ce sera douche à la lingette. Découverte de nos hamacs « US Army », nous serons intégralement recouvertes de la moustiquaire, ça rassure un peu. Mais tous ces bruits inquiétants d’insectes et la pénombre qui s’installe… Flippant ! Repas au feu de bois. Il est 18h, la nuit est tombée, tout le monde est déjà installé dans son hamac. Pour nous, le but est surtout de ne plus devoir reposer le pied par terre avant le lever du jour. Blank allume une bougie à côté de nous, comme pour les enfants effrayés par la nuit et on s’endort paisiblement. Pour ma part, la nuit sera tout de même agitée, rythmée par de nombreux réveils. 6h du matin, chouette la nuit est finie ! Nouvelle marche avant d’arriver à notre village de départ de la veille où nous mangeons chez une famille. C’est à peu près tout ce que nous verrons du village kachok de Kospiek car Blank fera la guide vraiment rapidement. Pirogue. Moto. Ferry.

Blank nous quitte et nous rencontrons notre nouveau guide « A ». Il nous amène chez lui où il vit avec sa belle famille. À notre arrivée, beau papa est torse nu, son krama autour de la taille, la belle-mère et sa femme, jupe et soutien-gorges, ça surprend « euuuuuh, ils ne sont pas en habits traditionnels ? » ! Et oui, ils sont habillés comme nous, je ne sais pas trop ce à quoi on s’attendait. Mais nous, nous gardons notre tee-shirt ! Ce coup-ci, « A » partagera le repas avec nous et nous boirons l’alcool de riz à la paille avec la famille (même les ados en boivent !). Il nous fera une vraie visite de son village Kavet Rok, où nous avons pu prendre le temps de regarder, d’échanger avec certains habitants.

Autant dire que lors de ces 3 derniers jours, nous avons passé plus de temps à marcher au milieu d’une jungle desséchée qu’à découvrir les minorités.

Finalement, ces rendez-vous en terre inconnue nous ont quelque peu frustrées car nos passages ont été trop rapides pour établir de véritables liens avec les familles. Il faudrait maintenant que nous nous installions plusieurs jours chez eux. A l’avenir…

Bref…

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